Le billet de Jean-Luc Chaurin

 

 

« ..Je n’ai mis que quatre ans pour parvenir à copier Raphaël, mais toute une vie pour tenter de retrouver mon âme d’enfant … » dixit Picasso, en tout cas des propos qui lui sont attribués.

Quoiqu’il en soit la boutade possède en elle matière à méditer !
C’est parce que je venais de m’extasier devant les dessins d’une toute petite fille que m’est revenue cette phrase Picassienne.

La légèreté des tracés, les couleurs, la composition (sans doute naïve pour nous grands adultes raisonneurs) avaient, au-delà d’un imaginaire qui ne pouvait qu’être limité, la qualité du Vrai, du Pur, du Virginal. Rien n’avait altéré le besoin créatif de la fillette.
La vision simplifiée de son environnement révélait l’essentiel intuitif, instinctif. Aucune règle, aucun principe, aucune exigence, n’étaient intervenus pour conduire la menotte de l’artiste en herbe à faire de ses crayons de couleurs, de ses feutres, des instruments générateurs du plus bel effet.

Certes, nous ne saurions conserver éternellement cette âme d’enfant. Tout évolue, s’améliore, se perfectionne, par les connaissances acquises.
Et s’il est nécessaire que s’appliquent des techniques qui se nommeront, pour l’Art qui nous rassemble, Perspective, Association des couleurs, Lois des contrastes, Proportions, Anatomie, et quelques autres disciplines, toute cette armada ne devrait jamais s’avérer une contrainte, mais bien plutôt un support agréablement consenti pour mieux appréhender cet étrange et délicieux besoin que l’on a de vouloir mettre sur un papier, sur une toile, des lignes, des tâches, de la peinture, d’où magiquement s’extrairont un visage, un corps humain, un animal, un paysage ou toute autre forme révélatrice … mais avec la capacité de pouvoir s’abstraire d’un confinement par trop intellectuel qui souvent limite l’émotion, la sensibilité, l’affect.