Hélène Bertaux, plus connue sous le nom de Madame Léon Bertaux, est née à Paris en 1825.
C’est une sculptrice française et une militante pour les femmes artistes.

 

 

Issue d’un milieu d’artisans modestes, proches des idées favorables à l’émancipation des femmes, Hélène Pilate (son nom de jeune fille), commence sa formation très tôt aux côtés du compagnon de sa mère, le sculpteur Pierre Hébert.
Par la suite, elle se formera auprès du sculpteur Auguste Dumont.

Hélène réalise de nombreuses statues de grandes dimensions et des monuments (Eglises Saint-Laurent et Saint-François-Xavier, Louvre, Opéra, Tuileries, Hôtel de Ville…).

Mariée à Augustin-François Allélit (nom sous lequel elle expose au Salon de 1849), elle s’en séparera rapidement.


Dès 1854, elle signe ses œuvres du nom de « Madame Léon Bertaux », nom de son nouveau compagnon qu’elle ne pourra épouser qu’en 1866, après la mort de son premier mari puisque le divorce était alors interdit.


Elle sera médaillée plusieurs fois au Salon, et sera la première sculptrice à recevoir une médaille d’Or lors de l’Exposition universelle de 1889 en exposant un plâtre, "Psyché sous l'empire du mystère".

 

 

 

La difficulté d’être une femme artiste

Au XIXe siècle, dans le monde de l’art, les femmes sont souvent considérées par les artistes masculins comme des muses inspiratrices et des modèles.Elles sont rarement reconnues comme artistes, à part quelques exceptions comme Rosa Bonheur ou Marcello.

À cette époque, l’École des beaux-arts de Paris leur est interdite et les préjugés négatifs quant à leur capacité à produire des œuvres d’art de qualité sont encore profondément ancrés dans la société.

Devant les difficultés que rencontrent les femmes qui veulent se destiner à la sculpture,
Hélène Bertaux décide d’ouvrir un atelier de dessin et de modelage en 1873 à Paris.
Puis elle se lance dans l’édification d’un immeuble d’ateliers pour artistes femmes qui ouvrira en 1880.

Luttant pour la reconnaissance du droit des femmes à une éducation artistique, Hélène Bertaux fonde en décembre 1881 « l’Union des femmes peintres et sculpteurs (UFPS ) », association reconnue d’utilité publique en 1892, dont elle sera la première présidente jusqu’en 1894.


Le but de cette association est de permettre aux femmes françaises et étrangères d’obtenir un véritable statut d’artiste et de créer une solidarité entre elles.

Pour cela, elle met en place un salon annuel spécifique, sans jury de sélection, mêlant artistes débutantes et artistes reconnues. Elle en assure la promotion auprès de l’État, de la presse généraliste ou féministe, des hommes politiques et des collectionneurs.

En 1889, Hélène Bertaux va mener un combat de longue haleine pour tenter de réaliser son rêve : faire bénéficier les femmes de la qualité et de la gratuité de l’enseignement de l’École des beaux-arts de Paris, et leur permettre d’accéder au prestigieux concours du prix de Rome.

 

 

Grâce à sa mobilisation et à son acharnement, les femmes artistes seront enfin admises aux Beaux-Arts et pourront participer aux différentes concours, dont celui du grand prix de Rome à compter de 1903.

Lucienne Heuvelmans sera la première femme artiste à qui sera décerné un premier grand prix de Rome, de sculpture, en 1911.

Dans le "Journal des femmes artistes" du 1er juin 1891, elle écrit : "[L]'art de la femme […] sera le corollaire naturel de l'art masculin. De cette alliance naîtra quelque chose que nous ne connaissons pas encore […] donnons naissance à un art qui portera la marque du génie de notre sexe : restons femmes, restons artistes, restons unies."

 

Enfin la reconnaissance…

En 1864, son travail est reconnu par ses pairs masculins puisqu’elle reçoit commande d’un grand bas-relief — La Navigation — pour le fronton de la nouvelle façade du palais des Tuileries, qui sera suivi en 1878 d’un second bas-relief — La Législation — pour le fronton du palais du Louvre sur la cour du Carrousel à Paris.

 

 

En 1864, le modèle en plâtre de son Jeune Gaulois prisonnier et sa version en marbre de 1867 lui valent deux médailles.

En 1873, elle rencontre un réel succès avec sa Jeune fille au bain et est dès lors déclarée hors concours au Salon annuel.

Elle connaît une véritable reconnaissance officielle lors de l’Exposition universelle de 1889 à Paris où elle reçoit une médaille d’or de première classe pour le plâtre de sa Psyché sous l’empire du mystère.



Elle fait partie de la délégation de femmes françaises artistes qui, au cours de l’Exposition internationale de 1893 à Chicago, exposeront volontairement dans le Woman’s Building7, bâtiment créé par l’architecte Sophia Hayden, séparé du palais officiel des Beaux-Arts.

En désaccord avec l’artiste peintre Virginie Demont-Breton, Hélène Bertaux quittera la présidence de l’UFPS en 1894, tout en restant présidente honoraire.

Elle continuera à sculpter, présentant régulièrement ses œuvres au Salon de l’UFPS jusqu’en 1897 ainsi qu’au Salon de la Société des artistes français jusqu’en 1900.

Elle sera la première femme admise à faire partie du jury de sélection de ce Salon en 1897.

Hélène Bertaux, malgré sa brillante carrière et son engagement pour les artistes femmes, promue officier d’Académie et officier de l’Instruction publique, meurt en 1909, quasi oubliée, à Saint-Michel-de-Chavaignes (Sarthe), au château de Lassay où elle est inhumée dans le cimetière communal.

Fermer