Laure de Châtillon, née Zoé Laure Delaune à Chambray en 1826 et morte en 1908 à Clarens en août, est une artiste peintre française de style post-romantique.

 

Exposer en tant que femme artiste, de Paris à Chicago

 

A Paris, Zoé-Laure de Châtillon participe activement au Salon, tout au long de sa carrière, de 1848 à 1897, et y expose au total une soixantaine d’oeuvres, principalement dans le domaine de la peinture et des arts graphiques (pastel et dessin).

Le Salon lui permet ainsi de se faire connaître en tant que grande portraitiste, mais elle est remarquée par l’administration pour des œuvres bien plus ambitieuses.

Dans les années 1860, plusieurs de ses tableaux sont en effet achetés par l’État : Les trois vertus théologales en 1861, La Sainte famille en 1865, Jeanne d’Arc voue ses armes à la Vierge en 1869 et Le Sommeil en 1879

 

 

A partir de 1887, à l’apogée de sa carrière et grâce à son succès exceptionnel, elle devient membre de la Société des artistes français.

Loin de se cantonner au Salon, Zoé-Laure de Châtillon se tourne dès le début vers d’autres lieux d’exposition.

En parallèle de sa participation au Salon, Zoé-Laure de Châtillon fait partie des premières adhérentes à l’Union des femmes peintres et sculpteurs, association féminine créée par Hélène Bertaux (1825-1909) en 1881 dans le but d’obtenir l’entrée des femmes à l’Ecole des Beaux-Arts et de leur offrir la possibilité d’exposer annuellement dans un salon entièrement dévolu aux femmes artistes.

A l’occasion de l’Exposition internationale de Chicago en 1893, elle devient membre de la délégation des femmes françaises artistes exposant dans le Woman’s Building à laquelle prend part l’Union des femmes peintres et sculpteurs.

 

Une carrière de peintre à succès

Outre une carrière de copiste reconnue, Zoé-Laure de Châtillon connaît également un succès en tant que femme artiste.

Ses différentes participations au Salon l’encourage à demander en 1851
« la commande d’un tableau original »

En plus des commandes de copies, elle en reçoit également pour des œuvres originales : L'Éducation de Jésus, une « composition simple et gracieuse » en fait partie.

Des copies de ses œuvres font également l’objet d’une commande : Les trois vertus théologales, La Sainte famille et Jeanne d’Arc voue ses armes à la Vierge.

Cette marque de confiance et de reconnaissance lui permet ainsi de vivre confortablement de son activité puisqu’elle reçoit entre 1500 et 3000 francs pour chaque réalisation. L’approche qu’elle adopte pour sa création personnelle diffère de sa production de copies.

Loin de vouloir se démarquer de ses confrères, elle souhaite au contraire rivaliser avec eux en s’emparant des mêmes sujets, tout en développant un art et un style personnel proche des peintres romantiques.


Cet héritage transparaît en particulier dans la représentation de scènes patriotiques en lien avec la situation politique de la France, traumatisée suite à la guerre de 1870-1871 : après la défaite de Sedan et la perte de l’Alsace-Lorraine, elle peint L’Esclave, un tableau vu par ses contemporains comme « l’Alsace voilée de noir » représentée sous les traits d’une jeune femme enchaînée, les cheveux au vent, dans un paysage de campagne tempétueux.

Gravé, ce tableau est ensuite largement diffusé « partout où le deuil des provinces que nous pleurons se faisait sentir ».

 

 

Par ailleurs, son Esclave peut témoigner des prémices de la prise d’indépendance des femmes artistes à une époque où Zoé-Laure de Châtillon arrête sa carrière de copiste en poursuivant à exposer au Salon.

Ses œuvres, L’Option du musée de Carcassonne et La Revanche du musée d’Auxerre, s’inscrivent également dans la même veine patriotique et romantique.

D’un point de vue iconographique, le paysage orageux, récurrent dans sa peinture, symbole d’une France dans la tourmente et endeuillée, les jeux d’ombre et de lumière ainsi que l’intégration de personnages en détresse, pris au piège ou en fuite, confère à sa peinture d’une aura dramatique.

Quelques années avant sa mort (1908 à Clarens, en Suisse), en 1902, Zoé-Laure de Châtillon présente au Grand Palais, lors de l’exposition de l’Union des femmes peintres et sculpteurs,


Au revoir !, une Alsacienne « qu’on ne demande qu’à revoir » faisant partie des peintures les plus remarquables du salon féminin.

Cet événement politique a donc été un tournant dans l’évolution de sa peinture.

 

 

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